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Photo du rédacteurElodie DEL.

Kronik de PATHWALKER "A safe place to live" (Fr version)



Pathwalker est un groupe de metalcore venant d’Iéna en Allemagne.

Je les ai découverts il y a deux ans quasi tout pile, lorsqu’ils m’ont contactée sur Insta. J’avais alors écouté le premier morceau que notre ami Google avait bien voulu me donner, « Sink or Swim » (sorti en 2019), et l’avait trouvé plutôt sympa : du bon metalcore en résumé (ce qui à mon sens est de plus en plus rare). Quelques jours après était sorti « Price of Growth » dont on va reparler plus loin, et ça m’avait confirmé dans ma bonne première impression. C’est comme ça que les plus anciens et attentifs ont entendu parler de ce groupe sur BGP en novembre 2021.

J’ai sympathisé au fur et à mesure avec le groupe, très sensible à leur univers et aux messages véhiculés. J’ai donc passé commande de leur premier EP, Reflections qui était sorti en 2020 et que je n’avais pas encore écouté. Et là, outre toutes les attentions adorables du colis très révélatrices de l’esprit du groupe et le merch de qualité que je suis la seule à avoir en France (oui je me la pète, mais tu es habitué !), la PUTAIN DE CLAQUE ! Les singles cités ne reflétaient finalement pas l’entièreté de l’univers de Pathwalker et je suis tombée sur un bijou de violence sonore, beaucoup plus deathcore que metalcore au final. Il n’y a pas une semaine où je ne le passe pas au moins une fois cet EP depuis. Quoi que je dise de l’album que je vais chroniquer maintenant, file écouter cet EP !


Bref, tu comprends mieux pourquoi je suis au rendez-vous de A Safe Place to Live, leur premier album autoproduit sorti le 17 novembre 2023. Et au-delà de l’affection particulière que je porte au groupe, le travail qu’ils font autour des problématiques de santé mentale, notamment sur les réseaux et sur leur site internet, mérite à lui tout seul une chronique sur notre page.

Bon du coup, j’y vais à l’ancienne : je ne connais que les singles et je découvre l’album en même temps que je le chronique ! Le groupe entame son album par le single de 2021 dont j’ai parlé plus haut, « Price of Growth ». Je le connais donc déjà très bien et ça me permet une entrée en terrain connu, presque rassurée par une forme de continuité. Et effectivement, c’est une piste qui a tout d’un single : l’alternance du growl particulièrement lourd dans les morceaux du groupe, avec une voix claire agréable, qui sert un refrain marquant mélodiquement. C’est aussi la chanson porteuse d’un message très cher au groupe, martelé dans la chanson : « You’re not alone in this world ». Pathwalker dessine les contours de sa « safe place » en nous rappelant que dans cette société de consommation qui nous maintient la tête dans le guidon, seule l’empathie peut nous permettre de vivre réellement.

« The Ocean » est une transition d’1 minute 09, aux sonorités très mélancoliques, accentuées par l’utilisation de la voix parlée et du clavier. Le message « You’re not alone in this world est repris ». Il n’y a aucune autre transition et pas de conclusion à l’album, je me laisse donc à penser qu’elle est la transition vers les nouveaux morceaux, l’intro véritable de l’album.


A contrario, « Follow the Sun », single sorti en juin 2023, attaque très fort. Il laisse par contre au fur et à mesure plus de place à la voix claire, avec parfois des aspects presque « pop ». Cette « douceur » (même si nous ne sommes pas non plus dans une ballade !) me semble soutenir le texte qui parle ici très ouvertement de dépression mais dans un contexte d’espoir autour de thèmes comme la force intérieure ou encore de l’unicité entre les êtres.

« Black Eyes » sort du schéma habituel du groupe : on attaque pour une fois par la voix claire pour enchainer sur du bien violent. L’utilisation de chœurs sort des codes du genre. Ça en fait une chanson taillée pour le live, soutenue par son refrain entêtant. Le break très lourd et un chant s’approchant quasi du hardcore en font une piste très originale. J’aime beaucoup ce titre. A noter qu’au moment où j’écris ces lignes, le clip n’est pas encore sorti, mais il est à paraître le 16 novembre.


On n’est pas du tout dans le même registre pour « Where I belong », ballade de deux minutes avec des sonorités très pop RnB. Bon après, tout le monde sait que je suis extrêmement difficile avec les ballades, je ne suis donc pas objective, mais moi ce n’est vraiment pas ma came. Avec « Dreambound », on revient à une structure metalcore plus classique, à laquelle est ajoutée des voix plus rapées. Je n’ai rien de particulier à dire sur cette piste, hormis qu’on sent que les influences sur cet album sont beaucoup plus éclectiques que sur l’EP. Le groupe a pris des risques et n’est pas resté enfermé dans un style.


L’intro de « The Forgotten » m’accroche directement. Là encore, les voix sont à la limite du rappé. Mais c’est plus lourd. Le travail mélodique en arrière-plan de la guitare est vraiment sympa, porté par une rythmique calibrée. La construction est vraiment particulière et très précise à la fois. La voix claire reprend sa place. Il y a des subtilités, reprises de pas mal de genres : le pont a des inspirations neo (de bon neo je précise) et un passage presque électro laisse place à un final très, très lourd. Là aussi, je la range dans les pistes que j’apprécie beaucoup.


Et Bam, arrive « Revolution » (single de 2022 à côté duquel je suis passée) qui envoie du lourd dès le départ. Encore une fois, excellent travail sur le rythme. Pathwalker ne reste pas sur ses acquis et on a des passages de voix presque black. Il y a un très bon équilibre avec les passages voix claire qui arrivent plus tardivement dans le morceau. Gros coup de cœur.

« Your Own Shadow » me ramène en terrain connu car c’est un single sorti en 2022. C’est un très bon morceau, beaucoup plus classique dans les codes, mais qui me fait vraiment du bien à réentendre. Et je pense qu’inconsciemment avec mon niveau d’anglais « bien mais pas top », ce sont les paroles qui me font du bien aussi. Contrairement aux apparences, je trouve que c’est un texte profondément optimiste qui explique que nos peurs, notre part sombre est en nous quoi qu’il arrive et l’accepter, donc s’accepter soi-même, est une des étapes obligatoires vers un meilleur pour pouvoir ensuite aller vers les autres. « Start being proud of your shadow », nouvelle idée de tatouage… Pas merci les gars ! :’)

« Your Own Fire » est le dernier single en date au moment où j’écris ces lignes, sorti en septembre 2023. Lui aussi est dans une structure plus classique, mais avec la présence de passages plus rappés qui sont un peu la marque de fabrique des morceaux sortis cette année. Comme son tire l’indique, cette piste est un peu le miroir plus négatif de la chanson précédente. Le problème de la dépression y est plus directement évoqué, même si le message global montre que même si nous sommes tiraillés au quotidien, le principal est de prendre conscience que nous sommes uniques et donc parfait dans notre globalité.

L’album se termine sur « Fade Away » qui, même s’il n’est pas dans mes morceaux préférés, condense l’intention émotionnelle du projet. Dans la compo, nous sommes dans une structure totalement metalcore, mais encore une fois, des influences diverses rendent le morceau original : l’intro a des consonances électro, la voix claire a des accents plus pop, la voix rappée est encore présente mais alternée par des growls très lourds (et vraiment, les growls chez Pathwalker, c’est quelque chose). Ça peut donc ressembler à quelques autres pistes de l’album en apparence, mais la rage, l’émotion générale y sont beaucoup plus présents à mon sens.

A Safe Place To Live présente un voyage profond dans le monde intérieur des émotions et, dixit le groupe, « cet album est destiné à faire que les auditeurs aient l’impression d’avoir enfin trouvé leur chez-soi ». Et c’est chose faite pour qui s’intéresse aux paroles des chansons qu’il écoute. Pour moi, vous le savez, c’est un gros, gros plus et que je trouve bien trop rare dans le milieu metal actuel.

Niveau compo, Pathwalker part d’une base metalcore plus classique et moins énervée dans l’ensemble que ce qu’on pouvait entendre dans leur premier EP. Le travail sur les sonorités et les influences en font tout de même un album original, qui cherche à casser les codes d’un genre en mal de renouvellement.


Ça fait beaucoup de raisons, non seulement pour découvrir ce groupe dans l’entièreté de leur discographie, mais surtout pour leur faire passer la frontière afin que nous ayons tous enfin l’occasion de les voir en live en France !


Elodie Del

Pour BGP MUSIC LIVE



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